Lois Dodd: Framing the Ephemeral

Regarder, c'est saisir l'environnement, c'est mettre un cadre autour de la réalité. C'est le cœur de la méthode de Dodd, tout tourne autour du cadre : depuis la fenêtre, à travers une porte ou avec ses mains. C'est ainsi qu'elle capture ce qu'elle voit sur le vif - un découpage temporaire de moments fugaces, non reproductibles, peints en coups de pinceau rapides et en fines couches de peinture. Dodd peint ce quotidien avec un œil attentif aux panoramas, à la lumière et à l'atmosphère.

Ses sujets sont reconnaissables : paysages feutrés, ciels nocturnes, intérieur dans un miroir, granges usées par les intempéries et scènes urbaines - souvent sans personne, dans son environnement à New York, dans le Maine et à Delaware Water Gap dans le New Jersey. Parce qu'elle revient sans cesse quelque part, elle enregistre les moindres changements dans son environnement. Elle navigue subtilement entre figuration et abstraction, avec des influences de Piet Mondrian, entre autres, visibles dans ses compositions de lignes et de plans.

Tenace

Dodd a joué un rôle important sur la scène artistique du New York de l'après-guerre. Elle a été l'une des fondatrices de la Tanager Gallery dans les années 1950 : un lieu où les artistes eux-mêmes fournissaient l'espace et l'attention nécessaires à l'exposition de leurs œuvres. Elle fréquentait des artistes comme Willem de Kooning et Alex Katz et partageait avec ce dernier un immeuble ancien dans le Maine. La ténacité de Dodd est exceptionnelle. Alors que le monde de l'art a connu vague après vague de nouveaux mouvements dans la seconde moitié du XXe siècle - de l'expressionnisme abstrait au pop art, du minimalisme à l'art conceptuel - Dodd est restée fidèle à sa propre méthode : observer et peindre ce qu'elle voyait. Là où l'innovation peut être confondue avec le progrès, Dodd montre que s'en tenir à une vision personnelle est au moins aussi puissant. Son œuvre constitue une rare balise de calme, de dévouement et de concentration dans le tumulte du XXe siècle. Dodd observe le changement à un micro-niveau.

Un pied dans la porte

Bien que Mme Dodd ait travaillé sans interruption pendant près de quatre-vingts ans - à l'âge de 98 ans, elle peint toujours -, il lui a fallu beaucoup de temps pour être reconnue. Ce n'est qu'en 2012 qu'elle a eu sa première grande exposition solo dans un musée, au Kemper Museum of Contemporary Art, aux États-Unis. Depuis, ses œuvres font partie de collections prestigieuses telles que celles du MoMA, du Metropolitan Museum of Art à New York et du Smithsonian Museum of American Art à Washington D.C. Avec l'exposition au Kunstmuseum Den Haag, son œuvre reçoit enfin l'attention qu'elle mérite en Europe. Le catalogue de l'exposition est composé d'essais de Katy Hessel, Faye Hirsch, Vincent Katz, Lucy R. Lippard, Laura McLean-Ferris, Janice McNab, Karen Wilkin et d'autres auteurs. Le Kunstmuseum Den Haag travaille actuellement à la réalisation d'un documentaire sur Lois Dodd qui sera présenté dans le cadre de l'exposition.