Le mythe de Paris : le city marketing avant la lettre
Le Kunstmuseum Den Haag présente une grande rétrospective sur les bouleversements sociaux de la seconde moitié du XIXe siècle à Paris. Le terreau de l'impressionnisme a deux visages, et en cela, la ville nouvelle la plus célèbre du monde ressemble indéniablement à notre société d'aujourd'hui. Le Nouveau Paris : de Monet à Morisot montre ce que l'on chérit dans la ville, mais aussi ce que l'on a collectivement préféré oublier. Exposition du 14 février 2025 au 1er juin 2025.
En 1867, Claude Monet a peint la vue de Paris depuis le balcon de l'illustre Louvre. Monet tourne littéralement le dos à l'art classique pour saisir la vie dans la rue, le hasard de son ici et maintenant. Une rupture radicale avec la norme. Ces années-là, Paris bouge, il y a de la vie, le monde est à ses pieds. Une ville « vivable » avec des douleurs de croissance, poussant ceux qui en avaient le moins vers les bords effilochés. Ils sont devenus trois tableaux montrant le nouveau visage de la ville.
Au printemps 2025, le Kunstmuseum Den Haag présentera New Paris : from Monet to Morisot, une exposition majeure sur l'impressionnisme, axée sur la représentation de ce nouveau Paris. En collaboration avec l'Alte Nationalgalerie (Berlin) et l'Allen Memorial Art Museum (Oberlin, Ohio), ces trois paysages urbains seront réunis pour la première fois aux Pays-Bas. Mais New Paris présente également 65 œuvres de l'impressionnisme français de Berthe Morisot, Edgar Degas, Pierre-Auguste Renoir, Édouard Manet, Frédéric Bazille, Gustave Caillebotte, Paul Cezanne, Armand Guillaumin, Mary Cassatt, provenant de collections du monde entier. La couche impressionniste est complétée par des gravures d'Honoré Daumier, entre autres, et des photographies de l'inventeur, photographe et pilote de montgolfière Félix Nadar.
De Monet à Morisot
Linda Nochlin, historienne de l'art renommée et récemment décédée, a décrit les trois paysages urbains de Monet de 1867 comme « le geste le plus significatif » d'un artiste à l'égard d'un musée. New Paris montre la « naissance » de l'impressionnisme et la décennie qui a suivi : le siège de la ville par la Prusse en 1870, la famine, les luttes pour l'égalité, la guerre civile et la reconstruction qui s'en est suivie. En retraçant l'imaginaire de Paris de Monet à Morisot, l'exposition est un portrait de la ville moderne en général.
La ville idéale
Sous l'impulsion de l'urbaniste Georges-Eugène Haussmann, la vieille cité médiévale est démolie en un temps record à partir de 1853 et reconstruite tout aussi rapidement en une métropole moderne. Ce projet mégalomaniaque s'appuie sur de nouvelles conceptions de la ville vivable, axées sur la sécurité et les infrastructures, l'hygiène, la cohésion sociale, la nature et les loisirs. La transformation de Paris reflète ces visions de l'agencement idéal d'une ville - et donc d'une société. Pourtant, elle devient surtout la ville d'une nouvelle élite. Les pauvres sont mis à l'écart et la spéculation règne sur le marché du logement, dont seuls quelques uns profitent. La migration de la main-d'œuvre conduit à l'exploitation et à des frictions entre les différentes classes de la société. Les caricatures de Daumier illustrent avec humour et sarcasme l'impact de ces développements sur la population.
Protestation Parisienne
La Parisienne à la mode devient l'incarnation du nouveau Paris. Des espaces publics comme les grands magasins et les théâtres lui offrent soudain beaucoup plus de liberté. Elle regarde et est regardée. Les temps changent, et c'est exactement ce que la mode montre dans les rues. À Paris, la nouvelle femme est partout : de qui porte la couture, qui la fabrique, qui la représente à qui la regarde et ce que cela libère - la Parisienne en tant que symbole. En même temps, les femmes artistes comme Morisot et Cassat avaient moins de privilèges et d'accès à Paris que les autres impressionnistes. Elles ne pouvaient pas, par exemple, aller au café avec des collègues masculins - cela ne se faisait pas encore. Alors que Manet ou Renoir, par exemple, représentent la Parisienne comme un type ou un symbole de la ville, Cassatt et Morisot dépeignent les femmes en tant qu'individus. Le regard féminin comme contrepoint à l'inégalité ambiante.
Dates et heures
Mardi |
10:00 – 17:00
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Mercredi |
10:00 – 17:00
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Jeudi |
10:00 – 17:00
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Vendredi |
10:00 – 17:00
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Samedi |
10:00 – 17:00
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Dimanche |
10:00 – 17:00
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